Allergie ou intolérance aux protéines de lait de vache ?
Souvent confondues, l’intolérance et l’allergie alimentaires sont des réactions d’hypersensibilité qui ne font pas partie de la même catégorie de maladies. En cas d’allergie / intolérance aux protéines de lait de vache en particulier, c’est encore plus ambigu puisqu’elles partagent les mêmes symptômes digestifs déclenchés par la consommation du lait de vache.
Comment différencier entre allergie et intolérance alimentaire
Pour l’allergie, c’est une réponse immunologique qui peut être sévère au point d’engendrer un choc anaphylactique. Quant à l’intolérance, c’est une difficulté du tube digestif à assimiler un aliment, le lactose dans ce cas, sans l’intervention du système immunitaire. Cependant, il est possible que lˈintolérance évolue vers une allergie ce qui justifie leur forte ressemblance clinique.
Il est primordial aussi de savoir que l’allergie est une réaction à une protéine alors que l’intolérance est une réaction à un type de sucre, le lactose.
Diagnostic
La distinction entre allergie et intolérance au lait nécessite un test de provocation orale (TPO) en double insu avec un lait contenant des protéines de lait sans lactose, d’une part, et un lait constitué d’un mélange d’acides aminés additionné de lactose, d’autre part.
Établir ce diagnostic différentiel est essentiel pour définir le régime thérapeutique adéquat.
L’allergie aux protéines de lait de vache
L’allergie au lait de vache touche le plus souvent les pays développés avec une fréquence qui peut dépasser 10 % des nourrissons.
Il existe 3 types de réactions allergiques au lait de vache : à médiation par les IgE (l’immunoglobuline E est une classe d’anticorps responsable des réactions d’hypersensibilité immédiate), sans médiation par les IgE (à médiation cellulaire) ou mixte. Cette classification aide à mieux cerner le tableau clinique.
Cause d’allergie aux protéines de lait de vache
La majorité des cas développant cette allergie ont des antécédents familiaux d’atopie tels que l’asthme, la dermite atopique et la rhinite allergique.
Quelles sont les protéines du lait de vache causant l’allergie ?
Le lait contient plus de 30 protéines qui sont toutes allergisantes d’une manière potentielle. Les caséines et la β-lactoglobuline sont le plus souvent en cause de l’allergie, mais toute autre protéine peut être accusée. Il est difficile alors, voire sans importance, de confirmer quelles protéines sont impliquées dans l’allergie. Il suffit d’avoir une allergie à une seule protéine pour contraindre la consommation du lait de vache.
Quand se déclenche-t-elle ?
L’allergie aux protéines de lait de vache apparaît généralement entre l’âge de 3 semaines et 10 mois.
Quels sont les symptômes d’allergie aux protéines de lait de vache ?
Sa manifestation est cutanée, des rougeurs et des démangeaisons, ainsi que digestive, des régurgitations, des vomissements, des nausées, la constipation, la diarrhée ou des douleurs abdominales.
Traitement d’allergie aux protéines de lait de vache
Le seul traitement efficace d’allergie aux protéines de lait de vache est le régime d’éviction. C’est un régime excluant tout aliment lacté (lait, laitages, fromages, beurre, crème fraîche, …) et tous les produits industriels contenant des traces de lait (biscuits, chocolat, …).
Pour les nourrissons :
Le médecin propose à la maman, si elle allaite son bébé naturellement, de suivre un régime d’éviction pendant 2 à 3 semaines. Il est possible, après la disparition de tous les symptômes, de tolérer progressivement le lait de vache jusqu’à une dose maximale tolérée par le bébé.
Si le nourrisson n’est pas allaité naturellement ou par alternance, le médecin prescrira des hydrolysats poussés de protéines de lait de vache ou de protéines de riz, ou des préparations à base d’acides aminés et de protéines de soja (>6 mois), en cas d’échec.
Cette maladie se guérit à 80% à l’âge de 3 ans et à 90% avant 16 ans.
L’intolérance au lactose
80% de la population mondiale de plus de 7 ans souffre d’intolérance au lactose.
Cause d’intolérance au lactose
Le lactose est digéré au niveau de l’intestin grêle par une enzyme dédiée, la lactase. En cas de déficit ou d’absence totale, le lactose non hydrolysé fermente rapidement par les bactéries coliques et engendre la malabsorption, ce qui cause par la suite les gaz et les ballonnements.
Le trouble de production de lactase peut être génétique, dans ce cas on parle d’intolérance primaire. Il se déclenche dès la naissance, mais devient souvent plus important pour les nourrissons sevrés dans des cultures où les produits laitiers ne font pas partie de l’alimentation quotidienne (Asie). Ces enfants perdront jusqu’à 90 % de leur capacité à produire la lactase dans les quatre premières années.
Il peut s’agir également d’une intolérance secondaire, causée par des facteurs sociaux ou survenue suite à d’autres troubles digestifs tels que le syndrome du côlon irritable, la maladie de Crohn, la colite ulcéreuse, ou autre maladie cœliaque.
L’intolérance au lactose due à un déficit congénital en lactase : elle est purement héréditaire qui empêche la production totale de lactase par l’organisme.
Quels sont les symptômes de l’intolérance au lactose ?
Il s’agit de symptômes uniquement digestifs : des gaz intestinaux persistants, des gargouillis, le ballonnement, des crampes et douleurs abdominales et des diarrhées.
Diagnostic
Le diagnostic de l’intolérance au lactose peut se faire de différentes façons :
Une diète sans lactose, qui consiste à ne plus consommer de produits laitiers ou contenant du lactose pendant une quinzaine de jours. La disparition des symptômes peut confirmer l’intolérance.
Une diète sans lactose suivie d’une réintroduction progressive de produits laitiers pour déterminer le seuil de tolérance du lactose.
Le breath test au lactose ou le test d’exhalation d’hydrogène : c’est un test respiratoire à l’hydrogène qui consiste à évaluer le taux d’hydrogène dans l’air expiré à jeun et après une diète stricte suivie la veille de l’examen. Un niveau d’hydrogène élevé dans l’air expiré signifie une mauvaise digestion du lactose, et donc un déficit de lactase. Ce test se fait dans un contexte hospitalier et dure plusieurs heures.
Le test de tolérance au lactose : il consiste à évaluer le taux sanguin de glucose après avoir ingéré une quantité déterminée de lactose. En effet, la lactase permet de transformer le lactose en glucose et en galactose puis en glucose, ce qui fait augmenter en processus normal la glycémie. En cas d’intolérance, la glycémie ne subit qu’une légère élévation, voire pas.
Le test génétique permet d’identifier une intolérance primaire ou secondaire au lactose. Il se fait via un bilan sanguin ou par prélèvement de cellules de l’intérieur de la joue. Ce test a peu d’intérêt puisque l’intolérance infantile au lactose est souvent secondaire.
Traitements de tolérance au lactose
Il n’existe pas de traitement qui fait guérir l’intolérance au lactose. Cependant, l’intolérance secondaire peut être évitée à un tout petit âge. Un régime d’éviction est alors adopté, l’introduction du lactose se fait en fonction du seuil de tolérance qui doit être déjà déterminé par un test.