La maladie de Fabry est une maladie héréditaire du métabolisme de transmission liée au chromosome X, due au déficit en α-galactosidase A, une enzyme lysosomale. Elle est considérée parmi les maladies difficiles à diagnostiquer puisque ses symptômes ne sont pas généralement typiques et elle nécessite une mesure enzymatique pour être confirmée. Son traitement est également complexe, car plusieurs facteurs y interfèrent (âge, sexe, etc.).
Rôle de l’α-galactosidase A
Appelée aussi mélibiase ou alpha-galactosidase, c’est une enzyme codée par le gène GLA. Sa fonction consiste à catalyser l’hydrolyse (décomposition par l’eau) de certains résidus tels que les galactolipides et les oligosaccharides.
Le déficit en α-galactosidase A entraîne l’accumulation de glycosphingolipides (principalement le globotriaosylcéramide encore appelé GL-3, CTH ou Gb3) dans l’organisme résultant ainsi en une affection multisystémique avec des manifestations algiques, dermatologiques, rénales, cardiaques, gastro-intestinales, cochléaires et neurologiques.
Symptômes de la maladie de Fabry
Comme cette maladie peut toucher différents systèmes de l’organisme humain, sa manifestation fait penser parfois à d’autres maladies et un examen clinique chez un médecin s’avère primordial. Les principaux symptômes de la maladie de Fabry sont :
- des douleurs, crampes ou brûlures chroniques aux mains, aux pieds, au nez, au menton et aux oreilles ;
- le rhumatisme ;
- des angiokératomes, de petites papules disséminées sur la peau, en particulier dans la zone située entre le nombril et le genou ;
- une coloration crème, turbidité spiralée de la cornée de l’œil ;
- une arythmie cardiaque ou une insuffisance cardiaque ;
- des lésions rénales ;
- un accident vasculaire cérébral ;
- des dépôts cornéens ;
- des nausées ou vomissements ;
- des crampes abdominales.
La maladie de Fabry fait partie des maladies de surcharge lysosomale (lysosomal storage disorders, LSD) dont la manifestation se développe avec l’âge :
- Pendant l’enfance ou l’adolescence : la manifestation est plutôt algique (acroparesthésies chroniques des extrémités, crises douloureuses aiguës et invalidantes).
- Entre 3 et 20 ans, des manifestations dermatologiques apparaissent (angiokératomes, hypohidrose, anhidrose).
- Les autres manifestations (ophtalmologiques, cardiaques, rénales et neurologiques) apparaissent tardivement.
Diagnostic
La maladie de Fabry est, malheureusement, encore diagnostiquée avec retard puisque l’âge moyen au diagnostic est de 29 ans.
Le diagnostic de la maladie de Fabry doit être confirmé par mesure enzymatique de l’α-galactosidase A chez les hommes et par un génotypage chez les femmes.
Le diagnostic précoce permet une prise en charge optimale et adaptée avant d’arriver à des lésions sévères irréversibles (comme la dialyse).
Un diagnostic prénatal est aussi possible, et la décision de le faire est examinée en réunion de concertation pluridisciplinaire d’un centre de diagnostic prénatal.
Prévalence de la maladie de Fabry
L’incidence annuelle de cette maladie est estimée à 1 par 80 000, mais on estime en plus que la prévalence d’apparition tardive est de 1 sur 3000.
Traitement de la maladie de Fabry
La prise en charge de la maladie de Fabry est multidisciplinaire et diffère selon le sexe et l’âge. Mais, elle se fait essentiellement par un traitement à base de l’enzymothérapie pour laquelle sont disponibles deux médicaments appartenant à la liste des médicaments chers et innovants : l’agalsidase alpha et l’agalsidase bêta.
Ces médicaments visent à améliorer, stabiliser ou ralentir l’évolution multisystémique de la maladie.
La prise en charge de la maladie de Fabry, assez compliquée, implique les spécialistes suivants:
- généticien,
- néphrologue,
- interniste,
- dermatologue,
- pédiatre.
D’autres spécialistes peuvent intervenir en fonction du tableau clinique du malade :
- biologiste,
- cardiologue,
- chirurgien cardiaque,
- gastro-entérologue,
- neurologue,
- ophtalmologue,
- oto-rhino-laryngologiste,
- pneumologue,
- psychiatre,
- radiologue,
- rhumatologue,
- urologue.
Chez l’homme souffrant d’absence d’activité enzymatique symptomatique ou non, le médecin propose d’instaurer une enzymothérapie de substitution à partir de 18 ans.
Chez la femme et l’enfant, pauci- ou asymptomatiques, l’enzymothérapie ne doit pas être prescrite qu’après une étude clinique démontrant son intérêt.
Chez la femme et l’enfant symptomatiques, l’enzymothérapie de
substitution peut être proposée de façon systématique.
La posologie de l’agalsidase est de :
- 1 mg / kg de poids corporel pour l’agalsidase bêta, toutes les 2 semaines par perfusion intraveineuse ;
- et de 0,2 mg / kg de poids corporel pour l’agalsidase alpha.
La prise en charge devrait aussi favoriser l’information du patient et de sa famille sur cette maladie et ses complications.
Pour plus d’information, veuillez consulter l’article de HAS.